Depuis l’interdiction de la vaisselle en plastique jetable, les entreprises se tournent de plus en plus vers une autre solution : le carton. Cette alternative semble à première vue permettre de limiter l’impact écologique de la pause-café. Mais est-ce vraiment le cas ? Pour le découvrir, nous avons décidé d’établir une analyse du cycle de vie de cette solution, en nous basant sur trois indicateurs : la consommation d’eau, l’effet de serre et la consommation d’énergie non-renouvelable. L’idée ? Vérifier si notre vision du caractère écologique du carton est vraie… ou fausse.
"Le carton est plus écologique à fabriquer" - FAUX ❌
Hé oui, il faut savoir que les gobelets en carton dits « recyclables », ceux que nous rencontrons le plus aujourd’hui, sont principalement composés de cellulose de bois pur, un matériau qui, n’étant pas étanche, doit être complété par une fine couche de plastique…
Mais alors, qu’en est-il des gobelets considérés comme « biodégradables » ? Ces gobelets dont la fine couche de plastique est remplacée par une couche en PLA, un polymère obtenu à partir d'amidon de maïs, nécessitent malheureusement un apport de pétrole supérieur (4,2 grammes contre 3,1 grammes pour un gobelet en plastique). La fabrication de ce matériau est très énergivore et le besoin en eau pour la culture du maïs est énorme… Et on n’a pas fini de vous décevoir. La fabrication d’un gobelet en carton pose également un problème d’ordre écologique, puisqu’il rejette 1,7 fois plus de gaz à effet de serre que son confrère en plastique. Enfin, côté transport, ça n’est pas mieux… le gobelet en carton pèse 8g (contre 6,5g pour un gobelet en plastique). Étant plus lourd, son transport est donc inéluctablement plus polluant.
"100% recyclable ou 100% biodégradable : c'est la solution" - FAUX ❌
Quand il s’agit de recyclage, le gobelet en carton ne vaut pas mieux que son homologue en plastique. En théorie, le recyclage apparaît comme LA solution. Cependant, si le gobelet en plastique est recyclable, la réalité des faits est plus complexe. On pourrait fabriquer des cintres ou des boites de CD, une fois le plastique broyé et compacté, si seulement on recyclait vraiment les gobelets. On estime que 50% des gobelets jetables sont enfouis dans des décharges, 34% sont incinérés et 15% vont finir… dans la nature. Conclusion : seul 1% des gobelets en plastique sont recyclés.
Seul 1% des gobelets en plastique sont recyclés
Le gobelet en carton, estampillé "100% recyclable", est quant à lui encore plus complexe à recycler, car il nécessite la séparation entre ses deux composants, le carton et le film plastique. Il serait possible de recycler le carton d’un côté et de valoriser le plastique d’un autre côté, afin de fabriquer du kraft ou des serviettes en papier ; mais la filière de recyclage de ce type de gobelet est encore moins développée que celle du plastique. Une étude britannique a ainsi montré que seul un gobelet en carton sur 400 était recyclé au Royaume-Uni, abaissant le taux de recyclage à 0,25%.
Concernant le gobelet en carton "100% biodégradable" avec une fine couche de PLA, cette annotation est en réalité trompeuse. Il ne peut être biodégradable que dans des conditions industrielles, puisqu'il nécessite une température de 60°C et un taux d'humidité d'environ 95%. Impossible d'obtenir de telles conditions dans votre compost chez vous. Le gobelet que l'on va retrouver par terre, délaissé par son utilisateur, a encore moins de chances de se décomposer dans la nature.
Triste conclusion : l'appellation "100% biodégradable" n'est donc pas gage d'une faible empreinte écologique, mais simplement un outil marketing permettant aux différents acteurs de continuer à produire et utiliser du jetable !
"Il faut remplacer les gobelets en plastique par du carton" - FAUX ❌
Greenwashing, packaging et diabolisation du gobelet en plastique poussent les entreprises et les consommateurs à se méprendre sur le véritable enjeu. Les fabricants de gobelets en carton tentent de surfer sur l'interdiction du plastique à usage unique afin de s'imposer comme l'alternative la plus écologique, marginalisant auprès des consommateurs la véritable réponse écologique : le réutilisable.
Passer du plastique au carton n'est pas la solution ! C’est le serpent qui se mord la queue : on passe du jetable au jetable, de l'usage unique à l'usage unique. En attendant (qui sait ?) le développement de nouveaux matériaux moins polluants qui permettront peut-être de considérer dans certains cas l'utilisation du jetable, on sait aujourd’hui que la réutilisation sur le long terme d'une tasse, d'un mug ou d'un verre reste la solution la plus adaptée écologiquement.
Des raisons organisationnelles et hygiéniques empêchent néanmoins trop souvent les entreprises de se tourner vers cette solution. Il manque en effet bien souvent une étape, trop souvent oubliée, selon nous clef de voûte des solutions d’avenir : le nettoyage ! Pour nous, chez auum, il est pourtant la porte d’entrée vers l’arrêt définitif de l’usage unique.
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