En janvier 2019, le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) lançait RISE : un programme d’accompagnement piloté par le département "Innovation" afin de venir en aide aux startups exploitant les innovations et les technologies issues de ses laboratoires. Ce programme permettant d’aider les chercheurs dans leur projet entrepreneurial est le parfait exemple des liens étroits qui existent entre le monde de la recherche et celui de la startup. De plus en plus de chercheurs se lancent dans l’entrepreneuriat avec pour objectif d’utiliser leurs connaissances et leurs compétences au profit de causes ou de projets concrets.
Favoriser les liens entre la recherche et les startups
La loi Allègre de 1999 sur l’innovation et la recherche a initié cette dynamique de rapprochement entre la recherche publique et le secteur privé. Depuis, les politiques publiques tentent de créer et développer ces ponts entre les universités, le monde de la recherche et les entreprises et plus particulièrement les startups. Le but : pousser les chercheurs à devenir des entrepreneurs afin de valoriser la recherche française.
Pour cela, un écosystème d’acteurs s'est développé sur l'ensemble du territoire, poussé et accompagné par les autorités. Les universités, notamment, ont beaucoup investi pour permettre à leurs étudiants de démarrer des projets pendant leurs études. De nombreux réseaux et plateformes comme le RISE du CNRS se sont développés en France afin d’aider les jeunes chercheurs à développer leur esprit entrepreneurial.
C'est notamment le cas des Sociétés d’Accélération du Transfert de Technologie (SATT) qui s’ancre dans cette dynamique. Le réseau SATT, soutenu par Bpifrance, permet de favoriser le transfert de technologies entre la recherche publique et le secteur privé. Ce prestataire de service permet aux entreprises mais également aux startups de disposer des nouvelles innovations de la recherche française plus simplement. Les SATT permettent aux entrepreneurs de n’avoir qu’un unique interlocuteur pour trouver une technologie ou négocier l’usage de titres de propriété intellectuelle.
Les incubateurs sont également devenus des plateformes incontournables pour les entrepreneurs. Ces derniers qu'ils soient publics ou privés permettent aux startups de croitre et de se développer en favorisant l'accès à la recherche publique, en leur offrant des financement pour faire des études de marché ou en leur partageant un carnet d'adresse pouvant leur venir en aide. Il faut tout de même distinguer les incubateurs publics à but non lucratif et dont le statut est né en 1999 avec la loi citée précédemment, et les incubateurs privés qui cherchent à réaliser une plus-value.
L’État, Bpifrance, les universités, les incubateurs… tous les acteurs du territoire sont en action afin de favoriser les innovations technologiques en permettant aux entrepreneurs un meilleur accès à la recherche publique. L’objectif : faire de la France un pays pionnier dans l’entrepreneuriat scientifique.
De nouveaux profils d’entrepreneur
Face à cet engouement et ces ponts de plus en plus nombreux entre le monde de la recherche et celui de l’entrepreneuriat : de nouveaux profils d’entrepreneur semblent émerger. Des jeunes issus de la filière académique préférant se lancer dans l’entrepreneuriat plutôt que dans une carrière de recherche.
Un changement d’état d’esprit s’opère chez les chercheurs. Alors que les anciennes générations étaient davantage focalisées sur une carrière de recherche pure avec comme objectif d’être publiées dans les meilleures revues et d’être reconnues par leurs pairs ; les nouvelles générations attachent plus d’importance au sens de leur carrière. Alors qu’il fallait attendre 40 ou 50 ans pour se lancer dans un projet concret auparavant, la nouvelle génération se lance dans l’entrepreneuriat beaucoup plus tôt, avec des postdocs tout juste sortis de leur formation académique qui se lance dans des projets tangibles. La nouvelle génération, consciente des enjeux sociaux et environnementaux, souhaite par ses innovations et ses projets avoir un impact sur le monde qui l'entoure : c’est le principe même de la deeptech qui séduit de plus en plus de jeunes.
Il est néanmoins complexe de développer une startup, encore plus lorsqu’il s’agit d’une startup deeptech avec des propriétés particulières : une temporalité propre, un besoin important de fonds pour une phase de R&D plus longue que la moyenne.
Experts dans la partie Recherche et Développement, ces nouveaux profils d'entrepreneurs ne disposent pas toujours des compétences nécessaires à la structuration de leur projet. Les questions de commercialisation, de mise sur le marché... sont des sujets cruciaux pour les startups. Deux possibilités s’offrent alors à eux : recruter et s’allier avec des profils commerciaux ou intégrer des incubateurs et des accélérateurs pouvant les accompagner dans ces différents aspects qui leur sont souvent étrangers.
C’est pourquoi de nombreux entrepreneurs scientifiques font le choix de s’allier avec des profils issus d’école de commerce ou détenteur d’un MBA afin de ne pas se laisser entrainer par le projet en oubliant l’objectif qu’est la viabilité du projet. À l’inverse des entrepreneurs n’ayant pas les connaissances scientifiques suffisantes peuvent se rapprocher d’un profil scientifique plus apte à établir une feuille de route cohérente sur la partie R&D et pouvant faire le lien avec les collaborateurs scientifiques.
La France a décidé de miser sur l'entrepreneuriat scientifique ; consciente de ses atouts académiques et universitaires, elle souhaite devenir leader sur la question. Elle pousse ainsi les jeunes chercheurs à agir et à entreprendre en favorisant le passage de l'université et de la recherche à la startup et l'entrepreneuriat.
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